Plan anti-bruit

Une étude préalable du ressenti sonore des Parisiens est nécessaire pour construire un plan anti-bruit qui répond aux attentes des Parisiens.

Nous nous étonnons qu’aucune étude récente sur le ressenti sonore des Parisiens n’ait été réalisée en amont du projet.

La Mairie semble baser les actions du plan bruit sur une étude CREDOC réalisée en 2016 pour Bruitparif. Les chiffres qu’elle avance concernent tous les Franciliens et non les Parisiens comme c’est écrit page 4 du plan. Pourtant, Paris est différente de l’Île de France et mériterait, dans le cadre d’un plan bruit ambitieux, une étude ad hoc récente.

D’ailleurs, le Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement 2015-2020 prévoyait (page 34) un baromètre bisannuel du ressenti sonore des Parisiens. Pourquoi le Plan Bruit n’y fait-il pas référence ? Pourquoi n’a-t-il pas été publié ? A quoi servent les plans s’ils ne sont pas appliqués ?

Dans son audit sur le Bureau d’Actions contre les Nuisances Professionnelles de Juin 2020, l’Inspection Générale de la Ville de Paris préconisait la réalisation d’études (page 20) et écrivait : « Le travail d’identification des attentes des usagers en matière de lutte contre les nuisances sonores et olfactives professionnelles, par le biais notamment des études réalisées sur le cadre de vie des Parisiens, est un préalable indispensable à la définition des objectifs à assigner aux acteurs chargés d’en assurer la mise en œuvre opérationnelle. » Pourquoi la Ville ne suit-elle pas les préconisations de l’Inspection Générale ?

En focalisant ses actions sur le bruit routier et sans étude sur le ressenti sonore diurne et nocturne des Parisiens, il nous semble que le plan anti-bruit que la Ville propose passe à côté des attentes de nombreux Parisiens en matière de lutte contre la pollution sonore.

La dernière étude sur le sujet des nuisances sonores à Paris date de septembre 2020 et c’est la nôtre, réalisée auprès de 1200 victimes de nuisances sonores nocturnes à Paris. Elle établit les principales causes des nuisances sonores la nuit :

  • 75 % : les bruits de personnes sur la voie publique (bruits de voisinage)
  • 58 % : les bruits issus de l’activité des bars et restaurants (bruits de voisinage)
  • 52 % : les bruits issus de véhicules de transports (bruits environnementaux).

Dans le cadre du projet de plan anti-bruit, nous recommandons qu’une étude soit réalisée afin de mieux comprendre le ressenti sonore diurne et nocturne des Parisiens. Des réponses doivent être apportées à de nombreuses questions :

  • Combien de personnes sont victimes de pollution sonore le soir et la nuit ?

L’étude Credoc de 2016 montrait que les Franciliens étaient particulièrement gênés par le bruit le soir et la nuit. Qu’en est-il à Paris ?

Aujourd’hui, aucune étude ne quantifie le nombre de victimes de pollution sonore le soir et la nuit à Paris. Pourtant, parce qu’elle les prive de sommeil, la pollution sonore nocturne est sans doute la pollution environnementale qui a les conséquences les plus graves et les plus immédiates sur la santé et la qualité de vie des Parisiens.

  • Quelles sont les causes de la pollution sonore le jour, le soir et la nuit à Paris en 2021 ?

En 2016, les données territoriales de l’étude CREDOC (page 13) établissaient que les Parisiens citaient les bruits de la circulation des véhicules parmi les 3 sources de bruit qui les avaient le plus gênés à leur domicile sur les 12 derniers mois (29 %), le bruit des clients des bars-restaurants (19 %) et des lieux musicaux (8 %) étaient également pointés du doigt.

Depuis 2016, le contexte a beaucoup changé à Paris : le nombre de bars-restaurants a augmenté (+5%), la surface des terrasses a doublé 7 mois dans l’année, les quais sont devenus des lieux de fêtes et d’alcoolisation, le crack s’est développé, le trafic automobile a diminué et les voitures sont devenues moins bruyantes. Le ressenti sonore des Parisiens a inévitablement dû évoluer. Il est important d’établir une photographie de ce ressenti en 2021.

  • Qui sont les personnes les plus exposées ?

Le vécu sonore est sans aucun doute différent entre une personne vivant sur cour dans le 7ème arrondissement et une personne vivant sur rue dans le 11ème arrondissement. Selon qu’on habite sur rue ou sur cour, au 1er ou au 5ème étage, face à un parc surveillé ou pas, près des quais, dans une rue piétonnisée ou au-dessus d’une terrasse, dans un immeuble AirbNbisé, sur une grande avenue ou sur le périphérique, dans un quartier de délinquance, de fête ou de bureaux, les ressentis sonores divergent. Pour mettre en place un plan anti-bruit adapté aux besoins des Parisiens, il est primordial de mieux connaître leur réalité.